Protection de la ressource

La protection de la ressource en eau, un enjeu critique pour les collectivités : pourquoi ?

|

 

Tous les chiffres le confirment. Dans le monde, plus les années passent, plus les situations de stress hydrique deviennent fréquentes et étendues. Près de la moitié de la population mondiale est aujourd’hui touchée par une pénurie d’eau au moins un mois par an (1). Et la France n’est pas à l’abri. Si le réchauffement climatique menace la pérennité de nos ressources, la pollution remet aujourd’hui en cause leur qualité.

 

En 2018, l’Organisation des Nations unies (ONU) estimait que plus de 2 milliards de personnes vivaient dans un pays soumis à un stress hydrique. Un phénomène plutôt saisonnier qui fait monter à 4 milliards, le nombre de personnes confrontées au problème au moins durant un mois de l’année.

Rappelons que le stress hydrique mesure le rapport entre l’utilisation de l’eau et les réserves disponibles. Depuis quelques décennies, ce stress a tendance à augmenter parce que la pression sur l’eau augmente également. Une démographie en pleine croissance accompagnée d’une élévation du niveau de vie et une activité économique qui n’a jamais été aussi importante sont principalement à mettre en cause. Des prélèvements excessifs menacent les ressources. À l’échelle mondiale, les chercheurs avancent que 30 % des plus grands systèmes d’eaux souterrains ont été dernièrement appauvris (2).

Protéger la ressource en eau dans un contexte de réchauffement climatique

Et l’impact de l’activité humaine sur la ressource en eau ne s’arrête pas là. Il y a aussi le réchauffement climatique. Alors que l’ambition de l’accord de Paris est de parvenir à le limiter à 1,5 °C, les experts préviennent qu’une telle hausse des températures - au-delà d’encourager les consommations d’eau — aura des conséquences importantes sur le cycle de l’eau. Au cours des 30 dernières années, déjà, une tendance à l’augmentation des pluies extrêmes a pu être observée. Elles surviennent désormais à un rythme quatre fois plus élevé qu’en 1980 (3). De fait, la fréquence des inondations est en hausse. Mais en parallèle, les épisodes de sécheresse se multiplient. Dans les années 1960, les météorologues en enregistraient 3 par décennie. Ils en comptent plutôt 6 par décennie aujourd’hui. Ainsi presque chaque année, les seuils bas sont dépassés quelque part en France. Des arrêtés sécheresse sont pris et des restrictions d’eau imposées. Selon l’Agence européenne de l’environnement, la tendance devrait encore s’intensifier. Météo France prévoyant une augmentation des températures estivales moyennes pouvant aller jusqu’à 6 °C d’ici 2050. Pour les collectivités, la protection de la ressource en eau va donc devenir un enjeu de plus en plus critique. 

D’autant que le contexte menace aussi la qualité des eaux. La surexploitation des nappes souterraines appauvrit la qualité des eaux qu’elles renferment. Idem pour les eaux superficielles. La pollution par des matières organiques, par des nitrates ou des pesticides, devient plus probable. Le Commissariat général au développement durable estimait en 2015 déjà que le traitement de l’eau lié à cette pollution coûte globalement entre 500 millions et 1 milliard d’euros par an. Et la pollution n’est pas le seul problème qui se pose. Avec la raréfaction des ressources, des espèces invasives sont plus susceptibles de venir perturber l’écosystème. Et les eaux salines de s’insinuer dans les eaux douces.

Des outils pour assurer la protection de la ressource en eau par les collectivités

Ainsi pour les collectivités, la gestion de la ressource en eau se complique chaque jour. Le gouvernement compte même désormais sur elles pour améliorer la protection des ressources en générales et des captages en eau potable en particulier. Il espère notamment que la totalité des 1 000 captages prioritaires de notre pays se verra doter d’un plan de protection contre les pollutions d’ici fin 2021. Parmi les leviers, une maîtrise foncière pour la mise en œuvre d’actions destinées à protéger ou à restaurer la ressource en eau, un soutien à la transition agroécologique ou encore la mise en place d’aménagements limitant le transfert de pollutions vers la ressource en eau.

Pour entretenir l’activité économique locale, aussi bien touristique qu’agricole, et éviter des conflits d’usage trop importants, les collectivités devront faire appel à des solutions innovantes. Le seul moyen pour elle de réussir à protéger leur ressource en eau dans ce contexte de plus en plus tendu.



Pour aller plus loin, accédez à la rediffusion de notre webinaire :

Rediffusion webinar collectivités

 

Sources des chiffres :

(1) – Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2021, Mekonnen et Hoelstra, 2016

(2) — Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2021, Richey et al., 2015

(3) — Itw Mathieu Baïsset, Conseil consultatif des Académies scientifiques européennes (EASAC), 2018

Articles Similaires