Entre les années 1950 et les années 2000, la production mondiale de produits chimiques a été multipliée par 50 et celle-ci devrait encore tripler entre 2010 et 2050.
Or, en plusieurs décennies, de nombreuses substances se sont ainsi accumulées dans l’environnement et celles-ci finissent bien souvent par polluer les eaux et les sols.
Par ailleurs, la contamination de l’environnement par les micropolluants est loin d’être un problème français : c’est un phénomène mondial !
Les micropolluants sont des substances indésirables qui sont présentes dans l’environnement : l’air, l’eau ou le sol.
Elles ont la particularité d’être liées aux activités humaines, de manière directe ou indirecte et sont généralement présentes en très faibles concentrations, de l’ordre du micro, voire du nanogramme par litre.
Mais même à faible dose, elles ont des effets néfastes sur les êtres vivants :
L’UE a dénombré plus de 110 000 micropolluants, issus de pratiques agricoles, industrielles, médicales ou de nos activités quotidiennes :
Les substances per- et polyfluoroalkylées, ou PFAS forment une famille de micropolluants composée d’environ 10 000 composés chimiques différents.
Très appréciées pour leurs caractéristiques techniques particulières (anti-adhérence, résistance aux fortes chaleurs, imperméabilisation…), ces substances ont été massivement utilisées depuis les années 1950.
Mais ces PFAS ont un énorme défaut : les liaisons carbone-fluor qu’elles contiennent sont tellement fortes qu’elles ne se dégradent pas avec le temps. À tel point qu’on les qualifie de « polluants éternels » !
- Loi polluants éternels : certains usages des PFAS bientôt interdits
Le 30 mai 2024, le Sénat a adopté à l’unanimité une proposition de loi venue de l’Assemblée nationale et visant à limiter l’usage des PFAS.
La loi « polluants éternels » prévoit ainsi de restreindre fortement leur utilisation, afin de limiter le risque de pollution et l’exposition des citoyens :
1er janvier 2026 – « La fabrication, l'importation, l'exportation et la vente de tout produit cosmétique, produit de fart pour les skis, ou produit textile d'habillement contenant des PFAS sera interdite ».
1er janvier 2030 – « La fabrication, l'importation, l'exportation et la vente de tous les textiles contenant des PFAS (et plus seulement les vêtements) seront interdites ».
Bien qu’ils soient présents en petite quantité et souvent peu toxiques aux faibles concentrations, les PFAS et autres micropolluants sont problématiques pour deux raisons :
L’impact de ces substances sur la santé humaine, la faune, la flore, bref sur la majorité des écosystèmes aquatiques et terrestres est indéniable, mais rarement simple à prouver.
Des études ont néanmoins démontré que la présence de micropolluants, notamment dans les milieux aquatiques, pouvait perturber la chaîne alimentaire, causer des déséquilibres (substances hormonales) et avoir des effets sur la reproduction des espèces.
Concernant la toxicité des micropolluants sur la santé humaine, la multiplication des études a permis, entre autres, de mettre en évidence les effets pervers des perturbateurs endocriniens et d’établir des liens entre l’exposition aux pesticides et l’apparition de troubles cognitifs ou de cancers.
Pour ce qui est de l’impact sanitaire des PFAS en particulier, l’état des connaissances actuel est malheureusement insuffisant, même si la réalité de leur toxicité est une certitude. Par ailleurs, parmi les 10 000 répertoriées, à peine une trentaine de ces substances a fait l’objet d’études environnementales, toxicologiques et épidémiologiques poussées.
Les deux exemples les plus connus de PFAS sont le PFOA et le PFOS, classés comme cancérigènes par l’Institut National de Recherche et de Sécurité.
Comme nous l’avons dit précédemment, les sources de contamination sont multiples. En fait, la plupart des activités humaines sont génératrices de micropolluants et ces substances finissent par polluer les eaux, à court ou long terme :
Les milieux aquatiques sont donc à surveiller. Pour ce qui est des eaux destinées à la consommation humaine, le suivi de la qualité sanitaire de l’eau potable est encadré par la directive 2020/2184, piloté par la Direction générale de la santé (DGS).
Ce suivi repose à la fois sur les personnes responsables de la production et de la distribution d'eau (PRPDE) et sur un contrôle sanitaire exercé par les Agences régionales de santé (ARS).
Les PFAS bientôt intégrés aux analyses sanitaires de l’eau.
L’analyse des micropolluants n’est pas encore une obligation légale stricte, mais elle le deviendra à partir de janvier 2026.
Les collectivités subissent les paramètres analysés dans le cadre du contrôle sanitaire. Ce sont les ARS qui choisissent les paramètres à suivre. D’autres substances devront aussi être obligatoirement recherchées lors des contrôles : Acides haloacétiques, Bisphénol A, Chlorates, Chrome IV et Uranium.
Mais comme le choix de la bonne méthode de dépollution devra être adapté à la nature des polluants qui auront été détectés lors des contrôles obligatoires, nous conseillons aux collectivités de ne pas attendre 2026 pour conduire ces analyses.
En conclusion, la prolifération des micropolluants, et en particulier des PFAS, représente un défi environnemental et sanitaire majeur à l'échelle mondiale. Ces substances, bien que présentes en faibles concentrations, ont des effets délétères sur les écosystèmes et la santé humaine, notamment à travers la bioaccumulation et l'effet cocktail. La législation évolue pour restreindre l'utilisation des PFAS, mais la surveillance et l'analyse des micropolluants dans l'eau restent cruciales. Les collectivités doivent anticiper ces enjeux en adoptant dès maintenant des mesures de dépollution adaptées, afin de protéger durablement notre environnement et notre santé.