En période de guerre, la meilleure façon de combattre un ennemi, c’est de le connaître. Et d’anticiper ses mouvements. Cette analogie permet de bien comprendre l’importance de mettre en place un suivi de la pandémie de Covid-19 dans les eaux usées des collectivités. Il donne en effet des informations essentielles sur la circulation du SARS-CoV-2 dans la population. Des informations qui aident à prendre les mesures justes pour enrayer la pandémie et protéger les habitants de votre collectivité.
Dès la fin du mois de mars 2020, des questions se sont posées relativement à la possibilité d’une contamination des eaux usées par le SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19. Une contamination qui aurait pu menacer la sécurité sanitaire des personnels qui œuvrent au quotidien dans les stations d’épuration. Mais aussi, celle des populations exposées aux eaux influencées par les rejets du système d’assainissement, ces eaux issues du traitement.
Très vite, les craintes pour la santé ont été levées. Selon les experts, le risque de voir le SARS-CoV-2 demeurer infectieux dans ces eaux est infime. Et le risque de contamination par ce biais est négligeable. En revanche, analyser les eaux usées semble constituer un moyen efficace de suivre l’état de santé d’une population. En effet, il apparaît clairement une corrélation entre le nombre d’unités génomiques trouvées dans les eaux usées analysées et le nombre de tests positifs dans ladite population.
Des analyses qui complètent l'information épidémiologique
L’expérience montre que la détection du coronavirus SARS-CoV-2 dans les eaux usées peut précéder de quelques jours l’apparition même de symptômes au niveau de la population. Ainsi, trouver des traces de coronavirus dans les eaux usées d’une collectivité peut encourager :
- D’une part les autorités à multiplier les analyses pour suivre l’évolution des résultats
- D’autre part à lancer une campagne de tests PCR ou sérologiques afin d’en savoir plus sur la circulation du virus sur la population en question et prendre des mesures spécifiques pour la protection des populations.
La démarche peut être rapprochée de celle mise en œuvre concernant les eaux de baignades. Même si dans ce cas, il existe une réglementation qui fait naturellement — compte tenu du peu de recul disponible — encore défaut concernant le suivi de la circulation du coronavirus.
- L’idée est d’abord d’établir un état des lieux, un profil de vulnérabilité ou profil de risque.
- Puis de mettre en place un suivi « en continu » de la circulation du SARS-CoV-2.
- Enfin, d’informer le public des résultats des analyses par l’intermédiaire du maire. Une manière de rassurer. Ou de participer à la réflexion de la collectivité concernant les éventuelles mesures à prendre. Sans jamais pour autant prétendre à se substituer aux instances sanitaires qui restent les mieux placées en la matière.
L'expertise de l'exploitant pour aller plus loin
Les analyses menées sur les eaux usées offrent toutefois des informations complémentaires à celles fournies par les Agences régionales de santé. Elles donnent une idée des tendances et des seuils. En effet, avec l’expérience du réseau Obépine (l’observatoire épidémiologique dans les eaux usées qui s’est très vite constitué après le début de la crise sanitaire) les experts du groupe Saur ont compris qu’une analyse dont le résultat se situe aux alentours du million d’unités génomiques par litre doit alerter la collectivité concernant sa situation épidémique. Un résultat autour de 100 000 unités génomiques par litre demande une surveillance accrue alors qu’un résultat entre 10 000 et 1 000 unités génomiques par litre est moins préoccupante.
Sur la base des résultats obtenus en entrée de station d’épuration, l’expertise de l’exploitant qu’est Saur permet de proposer et d’organiser (le cas échéant) des prélèvements en différents points du réseau d’assainissement. L’objectif est de préciser rapidement son origine, au moment où la charge virale commence à monter.
En réalisant le même type de prélèvements journaliers moyens sur les principales branches contributrices du réseau (celles rattachées aux établissements les plus à risque comme les écoles, l’hôpital ou l’ehpad par exemple), cela permet à la collectivité d’être réactive sur ce sujet et de prendre les mesures nécessaires.
Pour aller plus loin :